Parois de grotte, murs de ville, stèles, vases, cahiers.
Traces, marques, empreintes, inscriptions, images, dessins, tags, écritures.
Des anthropologues et des préhistoriens s’attachent à déchiffrer, décrypter, interpréter non seulement les signes tracés sur de multiples supports, mais aussi le sens des gestes, des postures et des pratiques qui conduisent à l’élaboration d’un espace expressif depuis le Paléolithique supérieur jusqu’à nos jours. Que nous disent ces matériaux signifiants sur le statut, les relations sociales et les modes de pensée de celles et ceux qui les ont produits ? Comment appréhender la sensorialité et l’intentionnalité qui président à leur réalisation ? Comme les auteurs de ce numéro de la revue L’Homme le montrent, l’étude de ces productions expressives met à l’épreuve nos propres catégories et processus de connaissance
Outre ces contributions autour des ‘Actes et artefacts graphiques’ (Béatrice Fraenkel, Stephen Houston, Pierre Déléage) et sur ‘Les sens de la préhistoire’ (Sophie A. de Beaune, Romain Pigeaud, Christophe Darmangeat et Charles Stépanoff), d’autres supports d’expression sont examinés par le biais des transformations de la musique touarègue et de ses modalités de diffusion (Marta Amico). Dans les Varia de ce numéro, le rapport communautaire à la norme et à sa transgression est interrogé à partir de l’analyse d’un incident cérémoniel lors de la performance du rituel Bwiti au Gabon (Julien Bonhomme), ainsi qu’à partir d’une enquête ethnographique sur la consommation d’opium en tant que rituel d’hospitalité chez une caste d’éleveurs en Inde du Nord (Sandrine Prévot). La question de la légitimité des normes et des lois, entre approches philosophique et anthropologique, est enfin abordée dans une réflexion sur le rapport entre autonomie et hétéronomie du religieux chez Castoriadis (Bruno Karsenti).