À la veille de la Première Guerre mondiale, le renseignement militaire étasunien, jusque-là préoccupé d’affrontements lointains, bascule sur le terrain intérieur. En quelques mois, de puissants appareils se déploient discrètement sur le territoire pour identifier et suivre ceux qui, au titre de leurs activités, de leurs engagements ou simplement de leurs opinions, sont jugés hostiles à la mobilisation nationale. Cette surveillance ne s’interrompra plus : au sortir du conflit, au nom des impératifs de la guerre « moderne », l’ensemble de la population devient un problème militaire justifiant sa perpétuation.
Grâce à une vertigineuse plongée dans les archives, procédant par le biais d’une ethnographie historique, Alexandre Rios-Bordes nous entraîne au cœur des administrations clandestines. Il nous fait voir, par-dessus l’épaule de ceux qui épient, une entreprise complexe, traversée de tensions éthiques, pratiques, intellectuelles et politiques. Il déchiffre les logiques à l’œuvre dans cet effort d’accumulation de savoirs sur les populations et retrace ainsi l’institutionnalisation d’une surveillance d’État au coeur du système démocratique.
mocratique contemporain.
Sommaire
Introduction
Première partie – Les appareils invisibles
Chapitre premier – Les rouages opaques
Chapitre 2 – La mission illégitime
Chapitre 3 – Les hommes de l’ombre
Deuxième partie – L’arsenal de la surveillance
Chapitre 4 – Une curiosité bien ordonnée
Chapitre 5 – L’enfance de l’art : l’enquête
Chapitre 6 – Les savoir-faire centraux
Troisième partie – La fabrication des savoirs
Chapitre 7 – Sur l’établi : interpréter
Chapitre 8 – Sur le papier : la transcription
Chapitre 9 – Dans les tuyaux : les circulations
Quatrième partie – Logique de la surveillance
Chapitre 10 – Les éléments hostiles
Chapitre 11 – Les champs de bataille
Chapitre 12 – La guerre de position
Conclusion – Une vigilance insensible