La ville et les métiers

Naissance d´un langage corporatif (Turin, 17e-18e siècle)

Simona Cerutti

Comment un groupe social construit-il son identité ? Les historiens se sont souvent contentés d’ignorer le problème ou encore de reprendre à leur compte les valeurs, les raisons et les classifications que leur proposaient les textes anciens. Le travail de Simona Cerutti suggère de ne point considérer comme allant de soi l’appartenance des individus à des groupes, mais de comprendre comment des solidarités collectives se créent entre des individus dont les histoires et les stratégies peuvent être fort différentes. Turin sert de terrain à cette expérimentation : une ville moyenne qui est aussi une capitale où, entre XVIe et XVIIIe siècle, l’affirmation tardive d’une monarchie absolue vient changer la donne sociale. Les corporations de métier, refondées à l’âge moderne, deviennent alors les instruments constamment adaptables d’une compétition sociale dont les termes ne cessent d’être redéfinis. Le métier, la richesse, l’alliance, les affiliations dévotieuses, saisis au niveau de la biographie individuelle et collective, sont les pièces d’un grand jeu social dont la ville est le premier acteur.