Retour à la cité
Les magnats de Florence, 1343-1434
Christiane Klapisch-Zuber
Les voies que le gouvernement des Arts a empruntées pour briser ou encadrer un groupe turbulent et potentiellement dangereux, celles qu’en retour, les magnats ont suivies pour préserver un peu de la « puissance » qui les avait définis au XIIIe siècle, sont les thèmes récurrents de cette étude.
Il ne s’agit ni d’une histoire institutionnelle ni d’une histoire politique, mais d’une réflexion sur les procédures d’exclusion et de réinsertion qui touchèrent un groupe de citoyens enfermés dans une catégorie juridique ; bref, d’une analyse des usages politiques des catégories et de leurs fonctions dans la construction de l’État.
À la fin du xiiie siècle, de nombreuses communes italiennes cherchèrent à brider la violence de certaines familles de l’aristocratie citadine et rurale. À Florence, ces lignages ou «magnats» furent l’objet d’une exclusion politique à maintes reprises confirmée jusqu’à l’époque des Médicis. Parallèlement, durant le xive siècle, les dirigeants communaux réintégrèrent les magnats, par groupes entiers de parenté ou individuellement, dans l’ensemble des citoyens politiquement actifs – le popolo. Ces retours à la cité, qui suscitèrent des résistances, furent acquis par des compromis de l’élite marchande au pouvoir avec les magnats. La première partie cherche à définir les magnats en fonction des qualifications de leur temps. La seconde partie est consacrée aux moyens mis en place par la Commune florentine pour encadrer les magnats et saper leurs solidarités familiales. Dans la dernière partie sont discutées les réactions des magnats aux menaces de laminage et de ruine financière. Au centre de chacun des chapitres, le lecteur trouvera une archive particulière (lois adoptées par les conseils de la ville, enregistrements publics de mutations anthroponymiques et héraldiques, délibérations du gouvernement, décisions des commissions exceptionnelles…).
DESCRIPTIF