Les objets composés
Agencements, dispositifs, assemblages
Sous la direction de Nicolas Dodier & Anthony Stavrianakis

L’hétérogénéité profonde des réalités dont les sciences sociales ont à se saisir crée du trouble, mais elle laisse surtout entrevoir de nouvelles lignes de recherche. Ce que nous pointons, ce n’est pas la variabilité qui émerge nécessairement d’une enquête empirique, et qu’un chercheur s’attache en partie à réduire. Ce ne sont pas non plus les interdépendances entre des formes de matérialité non sociales et les objets que les sciences sociales ont placés au cœur de leur investigation  (cultures, groupes, institutions, interactions sociales, dispositions). Par hétérogénéité profonde nous entendons cette consistance particulière des objets qui, associant les unes aux autres des entités aux capacités modulables relevant de catégories différentes, parfois au-delà de dualités fortement établies (matière et langage, nature et culture, technique et politique), obligent les chercheurs à imaginer les notions et les méthodes propres à les appréhender. En somme, des objets « composés ».


Pointer cette hétérogénéité et s’y affronter a été une préoccupation de Michel Foucault, Gilles Deleuze et Félix Guattari, puis de la théorie de l’acteur-réseau, de la sociologie des régimes d’engagement, et plus récemment de l’anthropologie des agencements globaux. Mais les fronts aujourd’hui se déplacent. Venant de différents horizons de l’anthropologie et de la sociologie, issus des mondes anglophones et francophones, des chercheurs éprouvent le besoin de re-conceptualiser les notions et de redéfinir les enquêtes qui leurs sont associées. Trois directions s’en dégagent, autour de trois concepts clefs - agencements, dispositifs, assemblages –, qui construisent un regard inédit sur les lieux où règnent les objets composés : des expériences de la vulnérabilité aux lieux d’énonciation du droit, des laboratoires scientifiques à l’expression des impératifs religieux, des milieux urbains, industriels et agricoles à l’exercice du pouvoir politique. Ainsi émerge un espace de recherches, dont ce numéro met en évidence les choix, les éclairages et les manières de faire. 



Sommaire


Présentation


Nicolas Dodier (INSERM-EHESS) et Anthony Stavrianakis (CNRS) - Le champ des objets composés


Agencements


Jérôme Denis (Mines ParisTech) et David Pontille (CNRS) - L’effacement des graffitis à Paris : un agencement de maintenance urbaine



Laurence Tessier (EHESS) - Rencontres avec la démence. Comparaison des agencements entre le cérébral et le social aux Etats-Unis et en France



Anthony Stavrianakis (CNRS) - Survivance des images de la mort. L'agencement du désir dans une mort volontaire assistée


Todd Meyers (New York University in Shanghaï) - Lorsque le regard change. Singularité et modalités de l’image : déclinaison en trois scènes


Emily Chua (National University of Singapore) - Le secteur de la presse de la Chine post-maoïste comme agencement journalistique


Dispositifs


Catherine Rémy (CNRS) - Expérimenter sur les animaux avec compassion ? Enquête dans le milieu de la xénotransplantation


John Bowen (Washington University in St. Louis) - Performativité et matérialité dans la certification halal


Claude Rosental (CNRS) - Entre prouesses verbales et virtuosité technique : les démonstrations publiques de technologie


Janine Barbot (INSERM) et Nicolas Dodier (INSERM-EHESS) - Témoigner comme victime au tribunal. Le travail pour investir un dispositif de prise de parole


Assemblages


Michel Naepels (CNRS-EHESS) - L’aide humanitaire à Pweto (Katanga, République démocratique du Congo). Un assemblage incertain de personnes et de ressources


Jean-Marc Weller (CNRS) - Des assemblages protéiformes. Le bureau des agriculteurs en situation d’audit



Gaymon Bennett (Arizona State University). Assembler le vivant


DESCRIPTIF
  • Parution : 2018
  • Coll. : Raisons pratiques
  • Volume : 28
  • ISBN EHESS : 978-2-7132-2765-3
  • Prix : 28.80€