Le cercle de méthodologie de Moscou (1954-1989)
Une pensée, une pratique
Svetlana Tabatchnikova
Le Cercle de méthodologie de Moscou, formé par des universitaires et des intellectuels russes, est une expérience unique sous le régime communiste. Première analyse de ce réseau, ce livre apporte un éclairage sur les « zones grises » du régime soviétique, ces espaces de semi-liberté existant au cœur du système totalitaire.
Le Cercle de méthodologie de Moscou s’est formé en 1954 autour d’Alexandre Zinoviev, connu par la suite comme écrivain contestataire du régime, Boris Grouchine, un des premiers sociologues d’Union soviétique, Merab Mamardachvili, devenu depuis un grand philosophe et Gueorgui Chtchedrovitski, qui anima le Cercle pendant plus de trente ans. Jamais clandestin, le Cercle, formé par des universitaires et des intellectuels russes en 1954, exista comme un réseau de séminaires jusqu’à la fin des années 80 : séminaires restreints au domicile d’un des participants, et séminaires à large public sous tel ou tel toit institutionnel.
L’objectif du séminaire n’était pas tant d’exposer un contenu déterminé, aussi important fût-il, que d’inviter l’assistance à penser. Leur intérêt portait sur la logique  : on s’interrogeait sur sa place dans la philosophie et la pensée, son rapport aussi avec le monde contemporain.

Ainsi, l’expérience du Cercle présente un double intérêt. D’une part par la richesse des formes d’organisation du travail intellectuel en commun – séminaire pluridisciplinaire et « jeu » – qu’il a mises au point. D’autre part, grâce à l’éclairage qu’il apporte sur ce que les historiens appellent la « zone grise » du régime soviétique.
DESCRIPTIF