Dans ce texte de 1915, Émile Durkheim revient sur l’origine de la Première Guerre mondiale. Selon lui, son déclenchement ainsi que la conduite de l’Allemagne durant la guerre ne s’expliquent pas en termes géopolitiques mais trouvent bien leur origine dans la « mentalité allemande », dans son caractère national. Cette nouvelle édition, à cent ans de distance, est éclairée par une conférence de Bruno Karsenti dans laquelle il révèle en quoi ce pamphlet procède bien de l’analyse sociologique.
Publié pour la première fois en pleine hécatombe de la Grande Guerre, L’Allemagne au-dessus de tout est un texte de combat. En sociologue, Durkheim y révèle la dynamique sociale dont la guerre est le résultat. Tel un médecin sur son patient, il se penche sur le cas allemand, et son diagnostic est sans appel : l’Allemagne est malade de sa volonté car elle pratique l’idéalisme de façon pathologique. Pourtant, considéré comme un texte de circonstance, voire de pure propagande nationaliste, cet écrit de Durkheim fut longtemps occulté par les sociologues français.
Levant le voile sur le caractère sulfureux du texte, Bruno Karsenti montre comment il condamne au contraire le nationalisme et s’insère parfaitement dans la sociologie d’Émile Durkheim, ses théories sur les dangers inhérents aux sociétés modernes et sur les typologies du suicide.