Ouvrages
DESCRIPTIF
  • Parution : 2011
  • Coll. : Cas de figure
  • Volume : 19
  • Pages : 238 p.
  • ISBN EHESS : 978-2-7132-2291-7
  • Prix : 15.00€
AUTEUR(S)
L’affaire Bomarzo
Opéra, perversion et dictature
Esteban Buch
Voici sous forme de chronique le récit d’un des scandales musicaux les plus spectaculaires du XXe siècle : l’affaire Bomarzo est une histoire de censure d'un opéra sous la dictature argentine.
L’affaire Bomarzo : ainsi fut appelé par l’ambassadeur des États-Unis, dans ses dépêches confidentielles, le scandale qui a éclaté en juillet 1967 par l’interdiction de l’opéra d’Alberto Ginastera et Manuel Mujica Lainez, inspiré du créateur Vicino Orsini des célèbres jardins de Bomarzo (ou Parc des monstres), près de Rome. Soutenu par le général Ongania lors de sa création à Washington puis exclu par le même gouvernement en Argentine, Bomarzo reste à ce jour, pour la mémoire historique des Argentins, non pas l’opéra que certains ont vu, mais l’opéra que beaucoup n’auront pas pu voir. Et ce jusqu’en 1984, lorsque l’œuvre est reprise pour fêter le retour de la démocratie. L’histoire de cet opéra est devenue indissociable de celle de sa censure.En déroulant les différents fils de l’affaire – esthétique, politique, moral, culturel –, Esteban Buch nous plonge dans la création même de cette œuvre, et dans le contexte politique et social des dictatures argentines. Il nous fait revivre l’ampleur et la complexité du débat que suscita cette censure, la perversité des effets de moralisation de la vie publique, le rôle de l’Église catholique. Il livre ainsi une analyse fine et vivante des liens entre art, sexe, morale et État.Publié initialement en espagnol, la traduction de ce livre par l’auteur, argentin, revêt un sens à la fois personnel, scientifique, et politique.
« Dans cette affaire, pour la dernière fois jusqu’à ce jour, musique et État ont formé autour de l’œuvre d’Alberto Ginastera un nœud où se reflète le labyrinthe de la culture argentine. »

Extrait
« En définitive, si le moralisme répressif du régime d’Onganía a peu de précédents par son intensité, il prolonge néanmoins, à bien des égards, la longue histoire de la censure en Argentine, qui d’ailleurs reste à écrire. Cependant, le scandale déclenché en 1967 par l’interdiction de l’œuvre de Ginastera et Mujica Lainez différa des réactions suscitées au cours d’autres épisodes, à la fois par sa cible, par son importance et par sa logique discursive. Dans ce cas, les protestations, les discussions et les médiations, officielles et officieuses, se poursuivirent pendant des mois, mobilisant des acteurs de la vie nationale aussi prééminents que divers. Ses effets se firent sentir dans la presse étrangère, et trouvèrent un écho à l’ambassade des États-Unis : “Ce cas fut pendant des semaines l’objet de discussions au sein du gouvernement argentin, avec des résonances quasi politiques”, écrit l’ambassadeur Edwin Martin le 27 juillet dans l’aérogramme confidentiel A-55 envoyé au Département d’État, en résumant ce qu’il appelle “the Bomarzo affair”. »