Michel Foucault cerne d’emblée, en l’explicitant, l’insuffisance actuelle des notions d’« exclusion » et de « transgression », pour étudier dans leur développement historique les « tactiques fines de la sanction », soit les méthodes punitives à travers leurs applications. À l’origine de ces pratiques, la guerre civile, « matrice générale qui va permettre de comprendre la mise en place et le fonctionnement d’une stratégie particulière de la pénalité : celle de l’enfermement » ; enfermement carcéral, enfermement asilaire aussi, dont Foucault étudie le rôle dans notre système pénal. Enfermement du criminel, « ennemi « étranger » mais non extérieur » ; phénomène de la criminalité à propos duquel discours et institutions s’organiseront au nom de la psychopathologie de la déviance. L’analyse généalogique menée dans ce cours prélude à Surveiller et punir.
« Malheureusement, quand on enseigne la morale, quand on fait l’histoire de la morale, on explique toujours les Fondements de la métaphysique des mœurs et on ne lit pas [Colquhoun], ce personnage fondamental pour notre moralité. Inventeur de la police anglaise, ce marchand de Glasgow […] s’installe à Londres, où des sociétés de navigation lui demandent en 1792 de résoudre le problème de la surveillance des docks et de la protection de la fortune bourgeoise. » [C’est un] problème essentiel […] ; pour comprendre le système de moralité d’une société, il faut poser la question : Où est la fortune ? L’histoire de la morale doit s’ordonner entièrement à cette question de la localisation et du déplacement de la fortune. »
Michel Foucault