Ouvrages
DESCRIPTIF
  • Parution : 2005
  • Coll. : Cas de figure
  • Volume : 5
  • Pages : 287 p.
  • Index
  • ISBN EHESS : 2-7132-2069-6
  • Prix : 16.00€
AUTEUR(S)
Évidence de l'histoire
Ce que voient les historiens
François Hartog
L’évidence est le fil conducteur de ces pages qui interrogent le statut du récit historique, l’écriture de l’histoire, la figure de l’historien, à la fois chez les Anciens et chez les Modernes, de la Méditerranée ancienne à la France de la fin du XXe siècle.
L’histoire semble aller de soi. Pourtant, prononcer « l’évidence de l’histoire », n’est-ce pas aussitôt ouvrir un doute : est-ce si évident, après tout ? Depuis qu’Hérodote a fait appel à l’historia (comme procédure venant se substituer à la vision octroyée par la muse au poète inspiré), l’histoire est devenue une affaire d’œil et de vision et n’a cessé de travailler sur le partage entre visible et invisible.Voir et dire, écrire le vrai, mais aussi dire et faire voir — en faisant du lecteur un spectateur : tels ont été quelques-uns des problèmes qui ont constitué l’ordinaire des réflexions de l’historien.Dès lors que l’histoire devient de moins en moins une enquête (au sens d’Hérodote) et de plus en plus (à Rome) le récit de ce qui est advenu, le travail se déporte du voir vers le faire voir. Soucieux avant tout, non pas du quoi dire, les faits étant là, mais du comment le dire, l’historien se trouve conduit à produire une évidence de type rhétorique.Consacrée à l’historiographie moderne, la seconde partie du livre suit la même interrogation. C’est bien cette frontière entre res gestae d’une part et historia rerum gestarum de l’autre que les historiens modernes questionnent. Pour eux aussi l’histoire est une affaire d’œil et de vision : parvenir à la vue réelle des choses, en voyant plus loin et plus profond.Mais la conjoncture de la fin du xxe siècle, avec la domination du présent, semble mettre en question l’évidence de l’histoire. Quel rôle pour l’historien face au « défi narrativiste », à la montée du témoin, à celle du juge, et alors même que mémoire et patrimoine sont devenus des évidences ? « L’historien me semble être celui pour qui l’histoire demeure un constant étonnement et ne devient jamais une évidence (allant de soi ou officielle). Elle est cette écriture fragile, obstinée, récurrente dans le temps, inquiète, instable, en porte-à-faux souvent, utile quelquefois, conjurant la mort en conjuguant le mort et le vif. »